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Le plaisir comme boussole
Cette semaine, certains d’entre vous m’ont reparlé de la toute première newsletter parue en novembre dernier. Joséphine Baker y était la personnalité de la semaine, et surtout, on faisait tout pour s’immerger dans son histoire.
Cocktails/mocktails d’époque, sons et images, portrait. Les cinq sens à leur paroxysme. Puis j’ai voulu tester d’autres approches avec Un Moment Avec - peut-être plus sérieuse. Mais en chemin, on a dillué un ingrédient clé : le plaisir et le divertissement.
Alors dans cette nouvelle édition, je te propose de revenir aux sources. Accompagnant le portrait, je te proposerai de jolies boissons thématiques à préparer et une playlist à mettre en fond. Tu pourras alors totalement t’immerger dans l’univers de la semaine.
PS : Bonne nouvelle, le portrait de Joséphine est de nouveau disponible ici.
Au Programme
L’Accident Kaamelott
L’Elixir des Chevaliers & la Potion Royale
Vivre son épopée en musique
Le registre de mes réflexions
Les Graals d’Astier
Avant de se lancer, tu peux toujours :
Explorer les éditions précédentes sur Substack.
Liker & commenter les épisodes (déjà ça fait plaisir, et ça aide vachement aussi).
Pour une expérience au top, je te conseille d’ouvrir la newsletter sur ton navigateur web - en haut à droite de ce mail.
Et maintenant, place à la découverte !
L’ACCIDENT KAAMELOTT
En 2003, Alexandre Astier est un réalisateur qui débute. Il s’attaque alors à son premier gros défit : le court-métrage. L’année d’avant, son premier essai n’a connu qu’un succès confidentiel. Alors il tente de nouveau l’expérience.
Et Astier fait face à un défi de poids : ses ambitions sont élevées, ses moyens financiers beaucoup moins. Mais il a pour lui une réelle débrouillardise. Pour financer son court-métrage, il donne des cours de dramaturgie et participe au festival d’Avignon. Il monte les décors dans l’école pour comédiens de sa mère. Il empreinte les armures à une association de reconstitution historique. Et il prend des acteurs dans son entourage et sa famille.
En quelques mois, Dies Irae voit le jour.

Astier participe alors à tous les festivals cinématographiques en France et à l’international. Il est même primé à Montréal. Il ne le sait pas encore, mais cette tournée attire l’oeil d’un autre acteur: Yvan Le Bolloc’h. Depuis trois ans, il est l’une des figures de la série comique Caméra Café sur M6. Mais la série est sur le point de s’arrêter. Elle doit être remplacée. Yvan propose Kaamelott. Astier accepte et débarque à la télévision.
C’est un tournant majeur dans un parcours qui a toutefois commencé 30 ans plus tôt.
“UN FILM, IL FAUT QUE CA SONNE”
Né en 1974, Alexandre est un garçon timide et curieux. L’essentiel de son temps libre consiste à démonter des objets pour comprendre leur fonctionnement. Et à jouer au Lego dans sa chambre, seul.
Quand ses parents comédiens divorcent, il est encore tout jeune. Il va alors être propulsé sur deux rails parallèles.
Sa mère décide de l’inscrit au conservatoire dès ses 6 ans. En deux décennies, il y apprend la contrebasse et l’orchestration. En musique classique et en jazz. Et son père l’emmène voir des films. Mais pas des Disneys comme tous les enfants de son âge. Lui y retrouve des des Audiard, des Spielberg et des De Funes. Cette enfance imprime en lui une impression durable : les films, c’est de la musique. Il faut que ça sonne.
Cette trajectoire artistique naissante tranche avec ce qu’il vit à de l’école. Il s’y ennuie prodigieusement. Il ne comprend pourquoi il devrait rester assis toute une journée à écouter des cours ennuyeux quand il y a tant à faire à l’extérieur. Ses résultats plongent, et certains professeurs ne manquent pas de le lui faire payer.
Ca a failli me faire croire que je n’étais bon à rien. C’est peut-être vrai, mais ce n’était pas à eux de le dire (Astier).

LA PIECE MANQUANTE
Très vite, Astier s’émancipe de l’école et embrasse lui aussi une carrière de comédien. Et il veut plus. Il veut écrire. Il veut réaliser. Il faut se former davantage.
Il vit un tournant en 2002.
Cette année-là, il prend sa place pour trois jours de conférence à Londres. Il va y rencontrer Christopher Vogler, un ancien de Disney qui a théorisé la structure universelle des histoires. Astier y travaille la fabrique des contes, les arcs narratifs, les archétypes de personnages, les mécanismes de l’intrigue. Il devient un ingénieur des histoires. C’est la pièce manquante à son ambition. De retour en France, il décide de l’appliquer à Kaamelott.
Pour mettre toutes les chances de son côté, il concentre toutes les fonctions-clés : écriture, réalisation, orchestration, montage. Le succès de la série est immédiat. Les gens aiment ou détestent Kaamelott. Et ceux qui aiment, aiment vraiment. Des communautés de fans s’organisent, certaines expressions entrent dans le langage courant.

Au fil des années, Kaamelott mûrit. De pastiches humoristiques à ses débuts, l’oeuvre devient mini-films de 45 minutes à la télévision, puis s’exporte au cinéma. Et tout ce qu’Astier ne peut raconter à l’écran, il le couche sur papier sous forme de BD. La série devient le fil rouge d’Astier, qui décide alors de prendre plus de temps pour explorer d’autres projets.
EXPLORER, ET TOUT RECOMMENCER
Le succès de Kaamelott offre à Astier une liberté de création grandissante. En 15 ans, il va réaliser deux long métrages, jouer deux spectacles, co-réaliser un dessin animé, et jouer dans de nombreux films.
En 2014, il signe le spectacle le plus acclamé à ce jour : l’exoconférence. Passionné d’espace, il passe des mois à s’informer et à rencontrer des experts du domaine. Il se prépare. Pourtant, la veille, le doute s’installe. Et s’il n’était pas prêt? Pas légitime? Pas assez bon? Il veut annuler. Son équipe le raisonne. Le spectacle aura lieu.
En 2019, il hérite du rôle de co-réalisateur d’Astérix : Le Secret de la potion magique, avec son complice Louis Clichy. Il trouve alors un équilibre subtile, entre ton “kaamelottien” et respect des codes d’Astérix. Il devient le plus gros succès d’un film d’animation en France depuis 12 ans, et s’exporte à l’étranger.
Quel que soit le support, Alexandre Astier parvient à s’adapter et à s’exprimer. Et si certains célèbrent le génie de ce véritable homme-orchestre, son secret est probablement bien plus simple. Il apprend constamment, et automatise tout ce qu’il peut automatiser.
POUSSER LES MURS
Astier, c’est un homme en mouvement permanent, qui cherche à s’améliorer constamment. Lorsqu’il ne participe pas à des conférences pour apprendre, il développe ses propres logiciels pour automatiser son job. Le dernier né de son imagination a même un nom : KV2Robot.commend, un sotfware qui analyse les scripts selon ses propres critères. Il le code lui-même, après avoir appris du Python.
« La technologie n’est pas un travers de l’homme, c’est notre signature » (Astier)
Il est aussi capable de passer des semaines à tester des caméras et des objectifs. Ou à créer la calligraphie de ses propres films. Depuis peu, il participe aussi aux jurys de festivals de cinéma. Ca lui permet de rester en contact avec les figures montantes. Et de transmettre un peu de son expérience.
Alexandre Astier, c’est donc un homme singulier. A l’envie d’apprendre débordante, qui ne supporte pas que la vision de son oeuvre soit influencée par d’autres. Il aime tout comprendre, tout saisir, et créer de ses mains. Son secret, s’il en a un, n’est pas sa créativité. C’est sa maîtrise, toujours plus grande, de l’art de fabriquer des histoires qui touchent.
L’Elixir des Chevaliers et la Potion Royale
Cette semaine, je te propose de poursuivre dans l’univers de Kaamelott et de t’installer à la table du roi avec un cocktail maison : l’Elixir des Chevaliers ; et un mocktail tout aussi raffiné : la Potion Royale.
L’Elixir des Chevaliers
C’est un mélange transcendant de rhum épicé, de miel, de citron, de gingembre et d'amers aromatiques. Il s’apprécie lentement, et t’emporte pour un voyage digne des palais les plus nobles.
Pour le réaliser, il suffit de :
Préparer un shaker avec de la glace.
Ajouter du rhum (60mL), du miel (30mL), du jus de citron (15mL), de la liqueur de gingembre (15mL) et des amers aromatiques (2 gouttes).
Secouer le tout avec énergie pendant 15 secondes.
filtrer le mélange et le verser dans un verre à cocktail réfrigéré.
Ajouter un brin de romarin pour la touche d’élégance médiévale.
La Potion Royale
Elégant mocktail qui combine la canneberge, le pamplemousse, le citron vert et le sirop de grenadine, qui s'harmonisent en un équilibre parfait. Savoure une expérience royale qui captive à la fois l'œil et le palais.
Pour le préparer :
Remplis un grand verre avec des glaçons.
Ajoute le jus de canneberge (60mL), le jus de pamplemousse (15mL), le jus de citron vert (15mL) et le sirop de grenadine (7mL).
Remue délicatement le mélange.
Complète le verre avec une eau pétillante fraîche.
Place quelques feuilles de menthe sur le dessus, et savoure.
Vivre son épopée en musique
Maintenant que ta boisson est prête (ou pas), il est temps de te mettre dans une ambiance musicale médiévale - aux sonorités épiques et entraînantes.
Cette sélection s’écoute en direct sur Spotify, après avoir lancé les extraits du dessus. Alors pose-toi confortablement, ferme-les yeux, et laisse-toi transporter.
Le registre de mes réflexions
Maintenant qu’on a rencontré Alexandre Astier et qu’on est confortablement immergé aux temps des chevaliers, on peut se livrer un peu plus. Je dois bien l’avouer, je suis admiratif de la finesse d’esprit d’un Alexandre Astier. A longueur d’interviews, il donne à réfléchir.
Alors cette semaine, je te propose un mix d’observations et de questionnements. Et je suis ultra preneur de ton avis, alors n’hésite pas à m’écrire.
#1 L’idée n’a aucune valeur, seule l’exécution compte.
Lors d’une interview pour le Nikon Festival Film, j’ai entendu Alexandre Astier dire :
On peut faire un très mauvais film avec une bonne idée. On peut faire un très bon film sans idée (…). Le film démarre là où l’idée s’arrête.
Et j’ai pris une claque.
Ca m’a rappelé toutes mes tentatives entrepreneuriales de jeunesse quand je pensais que mon idée était tellement bonne qu’elle allait conquérir le monde. Une fois cette naïveté passée, je me suis dit que des milliers d’autres avaient dû avoir la même.
Ce qui nous séparait potentiellement, ce n’était donc pas cette idée, mais la capacité à la rendre réelle. Un cinéaste, comme un entrepreneur, ce n’est donc probablement pas le plus créatif de la place. Mais l’artisan qui sait rendre ses idées réelles.
#2 La concentration des pouvoirs au service d’une vision
Dans la majorité des organisation auxquelles on appartient (entreprises, associations), le collaboratif est majoritaire. On collabore sur tout, on parle de tout, on demande des avis, on fait des réunions. Sauf qu’Astier fait tout l’inverse.
En l’écoutant, on comprend que c’est lui qui fait l’écriture, la réalisation, la musique et le montage. Pourquoi? Parce que chacun de ces éléments participe au rythme du film. Et le rythme est critique pour le succès de l’oeuvre. Sans rythme, pas de film.
Astier ne fait appel à l’extérieur que lorsqu’il s’agit de faire des tâches plus simples et/ou répétitives. Le reste, il le garde pour lui. Et même dans sa direction d’acteurs, il a la réputation d’être très précis, très clair sur ce qu’il veut. Son film doit prendre la forme que lui souhaite.
Est-ce que ça veut dire que le despotisme éclairé est une forme efficace d’organisation dans la fabrique des histoires (et plus largement)?
La question est ouverte.
#3 L’homme est un animal techniciste
Lors d’une conférence, Astier disait en substance :
Parmi nous, il y a des gens qui font le bien, d’autres qui font le mal. Pourquoi, alors qu’on est en plein dans une urgence écologique, tout le monde semble d’accord mais rien ne bouge?
La question d’Astier m’a saisi. Je n’avais pas la réponse.
A force de recherches, j’ai noté deux tendances principales dans la pensée écologique.
Celle du minimaliste, de la frugalité et du retour à la simplicité. Il s’agit de dire que nos comportements collectifs sont la solution aux défis du moment. Et la tendance techniciste, qui avance que la solution viendra de notre capacité à inventer des technologies qui répondent aux enjeux.
Est-ce qu’on y parviendra? L’avis d’Astier est tranché :
On ne sera peut-être pas une espèce avec un avenir long, mais on sera une espèce avec un avenir brillant.
Et toi, qu’est-ce que tu en penses?
Les Graals d’Astier
La liste qui suit est un concentré d’intelligence insensée, glânée par des années d’obsession. J’ai probablement vu 50 fois chacune des vidéos suivantes.
Le Vidéo Club de Konbini, une exploration à travers les inspirations d’Astier depuis ses débuts.
Une courte interview sur OCS, lors de laquelle on touche du doigt la réflexion et la philosophie d’Astier.
La Masterclass Christopher Vogler, une série de 6 vidéos préparant la venue de Vogler à Lyon. C’est un peu niche, mais c’est essentiel si tu aimes écrire ou raconter des histoires.
L’entretien de Sens Critique, les conseils d’un réalisateur chevronné aux jeunes réalisateurs.
La Masterclass d’Astier au Geneva International Film Festival, qui est la seule interview d’Astier que j’ai trouvé profonde, informée et intelligente.
Le Soundboard de Kaamelott, un tableau de tous les enregistrements des répliques cultes de Kaamelott à utiliser sans modération pour rendre fou n’importe qui.
Et en hors catégorie, la dernière veillée d’Alexandre Astier. Avec une thématique nouvelle qui trouve sa source dans l’histoire familiale : la Bête du Gévaudan. Une masterclass de storytelling.
Voilà, c’est tout pour cette semaine 💛
Ah, j’allais oublier (non c’est faux) : si tu as envie de soutenir cette newsletter, sache qu’il est possible de liker (via les coeurs qui traînent), commenter (juste en dessous) et même partager (le top). Tu auras ma reconnaissance éternelle (oui oui).
Très très cool de redécouvrir ce parcours sous un nouveau jour !!